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Plaidoyers

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PLAIDOYER POUR UNE AGRICULTURE DIGNE DE CE NOM

S’il est un secteur d’activité économique en France qui a dépassé les limites du raisonnable c’est bien l’agriculture. Il est fini le temps où le paysan - l’agriculteur en langue urbaine - était le jardinier des campagnes et avait la faveur de la population. Il est maintenant montré du doigt, mis en cause dès que l’on parle d’obésité et considéré comme un vassal des coopératives à tendance pharmaceutique. Quant au terroir agricole il diminue comme peau de chagrin, victime de la désertification et de l’urbanisation. C’est une bien triste situation dans laquelle l’agriculteur a une grande part de responsabilité.

Le tournant de la culture intensive des années 70 a permis à de nombreux producteurs d’améliorer leurs revenus. Mais ce tournant a engendré une fuite inexorable vers l’artificiel au détriment du naturel. De telle sorte qu’il existe aujourd’hui 2 agricultures qui s’opposent de plus en plus violemment : la productiviste, majoritaire en nombre d’exploitations et d’exploitants, et la raisonnée, qui se concentre sur les filières qui permettent ce mode de conduite. Dans les 2 cas on retrouve les ingrédients identiques qui empoisonnent les métiers : la vampirisation de ceux-ci par quelques individus qui squattent les fauteuils d’administrateurs, le rôle ambigu de l’Etat qui a toujours laissé faire, le jeu dangereux des aides et autres subventions qui pourrissent toute objectivité, le rôle nuisible d’un syndicat national fortement majoritaire à tendance mafieuse et l’attitude assassine de la Grande Distribution qui exacerbe la concurrence entre les producteurs. L’agriculture française est ainsi paralysée dans un système bloqué qui entraîne des exactions, des violences, des suicides chez ses acteurs. Et le consommateur en fait les frais, que ce soit en terme de santé, en terme de tromperie sur la marchandise, en terme de mal-être tout simplement.

Il n’est pas besoin d’une énième étude ou table-ronde sur le sujet pour intervenir et changer tout cela. Il faut tout bonnement des décideurs de bonne volonté et honnêtes pour dessiner et instaurer un nouveau monde agricole. Celui-ci, comme toute activité économique à part entière, doit avoir droit à une vraie stratégie, de vrais moyens et à une vraie organisation. Une entreprise qui prend en compte son époque et l’avenir et qui ne peut être remise en cause par une quelconque avidité politique. Les agriculteurs y ont droit, les consommateurs aussi. Tant pis pour tous ceux qui mangent sur le dos du système bloqué actuel.

Un nouveau monde agricole c’est tout d’abord un objectif clair en termes qualitatif et quantitatif : quelle qualité de produits veut-on produire et dans quelles quantités, comment on contrôle celles-ci. Puis une stratégie énoncée avec une notion de durée et d’espace : faisable, honnête et dépolluée des faiseurs de torts actuels. Des moyens précisemment mentionnés et leur programmation dument actée, après avoir nommé les acteurs, les contrôleurs et les financeurs. Tout ceci avec en face un budget précis et non modifiable par les velleités politiques partisanes.

Celui, celle, ceux ou celles qui sauront édifier cela laisseront leur empreinte à jamais dans l’Histoire.



C’est un euphémisme de dire que l’agriculture française va mal. Il est urgent de réformer. © 2014 I. L. M.