Le blog de la prospective

2009 © Tous droits réservés - Création Serif et MLH

Plaidoyers

<    Retour sommaire articles de plaidoyers

PLAIDOYER POUR UN NOUVEAU SCHEMA DES TRANSPORTS

Quand est apparue l’Ecologie en France dans les années 70 en tant que parti politique, elle s’est appuyée pour percer sur les nuisances des transports. En pleine euphorie économique la France construisait à tous bras n’importe comment sans schéma directeur et sans souci du lendemain. Les « Ecolos » qui n’étaient pas encore au fait de leur business, au même titre que la droite et la gauche, étaient considérés comme des « emmerdeurs ». Opposés à tout et à rien ils ont réussi à sensibiliser quelque peu l’opinion mais ils n’ont jamais réussi à faire reculer l’expansion des « maudits transports ». 40 ans plus tard la France est encore au moyen-Age dans la gestion des moyens de déplacement. Ici on circule comme on veut, on pollue comme on veut, on continue à jouer local sans imagination nationale. Alors qu’ailleurs on ne peut plus circuler à sa guise, on paie quand on pollue, on doit tenir compte du schéma national de déplacement. Ce laisser-aller français, qui avait pour but de laisser court à la libre entreprise, entraîne aujourd’hui une avalanche de problèmes, quasiment insolubles.

Le schéma routier a toujours été napoléonien. Les Napoléon avaient donc raison quand ont été imaginées les traversales et les secondaires. Par la suite personne n’a songé à remettre en question ces grandes créations. On a élargi, rectifié, consolidé, bitumé. Pour conforter ce que l’on nous a trop longtemps mis en tête : la France a le plus beau réseau routier d’Europe. Encore une fameuse croyance qui a endormi les citoyens. Et qui les endort encore au vu des reportages à charge des TV françaises sur les réseaux routiers européens. Si bien que toute modification, tout avenant pour satisfaire une implantation coûte une fortune. Il est vrai qu’au pays de l’automobile il faut faire rouler. Quand l’activité économique a alourdi le trafic, a congestionné certains axes, a rendu dangereux certains tronçons, personne ou presque n’est intervenu. Peu importe d’ailleurs si les camions espagnols ou italiens en transit asphyxient les populations : c’est la vie. Pendant ce temps tous nos voisins sans exception en sont à la troisième ou quatrième génération de leur code de régulations routières.

Le schéma ferroviaire est encore plus délirant. Les chemins de fer nationaux sont un bastion syndical imprenable. Alors l’Etat a toujours reculé plutôt qu’avancé. Bien sûr les vieux tortillards ont été remplacés. Mais parfois leurs remplaçants sont trop larges pour se croiser sur les rails. Peu importe le contribuable paie. De la même façon de nombreuses gares ont été supprimées pour donner la part belle à la voiture. Ou encore le frêt qui a été sacrifié au nom de l’idéal syndical. Alors que partout ailleurs la transmodalité - combinaison rail/route - est la règle, ici on gère à la soviétique en toute impunité. Une fois encore l’Etat a été défaillant.

Le schéma aérien est le sommet de la gabegie des transports. Pendant 25 ans tout personnage politique régional influent a tout fait pour avoir son aéroport. Question de prestige. La plupart de ces aéroports n’est pas rentable, faute de passagers. La concurrence avec le rail fait son plein dans un petit pays où les distances sont résolument courtes.

Et pourtant un vrai schéma national des déplacements, alliant rail, route et air, est la clé du développement des régions et donc de la nation. Qui est capable de préparer cela ? Il faut du courage pour réduire le nombre de camions sur les routes, contraindre les usagers à prendre les transports en commun, sécuriser ceux-ci face à la montée des incivilités, augmenter le trafic ferroviaire pour réduire les trafics aérien et routier, mettre les camions sur les rails, obliger les constructeurs automobiles à fabriquer intelligent…



La gestion des déplacements en France fait toujours appel à Napoléon. © 2014  J.K.