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Cet article traite des prix des produits de consommation courante relevés au cours d'une étude d'envergure menée en 2011. © 2011

DE L’ABERRATION DES PRIX DES PRODUITS DE CONSOMMATION COURANTE EN 2011


Tout un chacun se lève chaque jour et se couche chaque soir avec le sentiment que le prix des produits qu’il va acheter ou qu’il a achetés dans la journée a encore augmenté. Tout un chacun se lamente également en permanence de ce que son salaire ou son revenu n’évolue pas en conséquence de ces augmentations de prix des produits.

A plusieurs reprises nous avons participé à des études comparatives sur les prix des biens de consommation entre 1999 et aujourd’hui. A plusieurs reprises nous avons été questionnés pour comprendre les raisons de ces distorsions de prix. Une étude conduite récemment à des fins de prospective nous a amenés à reprendre nos notes et synthèses depuis 1999. Nous vous livrons quelques grandes lignes de nos considérations.


Nos études successives se sont appuyées tout d’abord sur la consultation des dits dépliants publicitaires des enseignes de distribution, qui fleurissent dans nos boîtes à lettres. Ces dépliants proposent depuis 1977 des offres promotionnelles et des offres traditionnelles mêlées pour bien attirer le client. 2 constatations principales ressortent de cette consultation. La première : les prix ont augmenté depuis 11 ans dans la proportion moyenne de 19%. Pondérons l’augmentation par une diminution des prix des produits techniques innovants dont la consommation est devenue presque courante : appareils photo numérique, informatique familiale, etc… La seconde : le passage à l’euro en 2002 est responsable pour plus de 50% dans cette augmentation moyenne. Pondérons la responsabilité du passage à l’euro par le maintien des prix des produits alimentaires de base en vrac sans marque fournisseur ou distributeur. Notons enfin que les prix sont déflatés, c’est-à-dire ne tenant pas compte de l’inflation.

Nous avons ensuite recherché dans notre base de données les prix des matières premières concernées par les produits présentés et le nom de tous les fabricants de ces produits. Là aussi 2 constatations. La première : globalement l’augmentation du prix des produits ne trouve pas son origine dans une augmentation du prix des matières premières. Ceux-ci font souvent le yoyo et, pour près de la moitié d’entre eux, sont même en légère diminution sur la période. La seconde : les fabricants de produits en 2011 sont à 88% les mêmes qu’en 1999. Et pourtant le nombre de produits à MDD – Marques De Distributeur – augmente proportionnellement de 40%.

Nous avons ensuite rapporté aux résultats de cette étude documentaire les événements conjoncturels majeurs : le passage à l’euro, la mondialisation du sourcing des produits présentés, la montée de la crise économique mondiale et l’avènement de nouvelles générations de citoyens plus attachés à la notion de marque qu’à la notion de qualité. Les résultats finaux sont sans appel : le consommateur est lèzé dans tous les compartiments du jeu. Y compris pour les produits techniques dont les prix ont globalement baissé mais dont la durée de vie est de plus en plus courte.

Alors faisons les teigneux et regardons cela de plus près :

1 – Le passage à l’euro a été le grand déclencheur de l’enchérissement des produits. Les conditions techniques – changement de monnaie – de ce passage ont été aussi bien maîtrisées que les conditions consuméristes n’ont pas été pensées. Il eut fallu que les technocrates, acteurs du passage, se préoccupassent avant tout des conséquences et des dommages collatéraux.

2 – La mondialisation du sourcing est de la responsabilité principale et presque totale de la distribution. Celle-ci, par sa stratégie terroriste vis-à-vis de ses fournisseurs et sa volonté d’expansionnisme forcené, a livré notre pays aux mains d’Etats contrôlant des entreprises pour le profit de quelques individus ou de quelque organisation. Non seulement les fabricants français en sont réduits à fermer leurs portes mais les produits que nous vendent les dits distributeurs n’ont plus de goût, d’identité, de qualité et de fierté industrielle ou artisane.

3 – La montée de la crise économique mondiale, voulue par les argentiers du capitalisme mourant, a sonné le glas de la consommation de plaisir. Même si la reprise se passait demain, celle-ci serait édulcorée par de nouvelles habitudes. Aujourd’hui et pour longtemps le consommateur compte, compte, compte…

4 – L’avènement de nouvelles générations correspond au pic du baby-boom d’après-guerre qui voit les retraités manger pendant que les jeunes réclament à manger. Ceux-ci sont les grands perdants de la crise. Une crise qui fait sourire les réseaux sociaux seuls vecteurs de consommation entre les jeunes. Une crise sous influence permanente de l’information et de la désinformation.


Tout un chacun va proclamer au vu de ces résultats : je vous l’avais bien dit. Mais tout un chacun doit continuer à se battre chaque jour pour pouvoir payer des produits trop chers et des loyers immobiliers abusifs. Ceci a déjà eu lieu dans des périodes antérieures et à chaque fois le « système » a implosé. Dans nos conclusions d’études, nous avons recommandé entre autres de donner plus de force une fois pour toutes au consommateur dans son combat contre le distributeur. Pour cela, il n’y a un moyen radical et efficace : éduquer le consommateur dès son plus jeune âge sur sa future vie consumériste. Pour cela, il faut que l’école développe l’enseignement utile dans le primaire et secondaire et apprenne ce qu’est un produit, comment il est fabriqué, combien il coûte, quel est son juste prix pour son juste usage. En clair l’école doit apprendre à l’enfant à consommer en dehors de toute pression du distributeur.

Nous retiendrons que l’envolée permanente des prix des produits de consommation courante est préjudiciable à la consommation en particulier et à l’économie toute entière. Il est étonnant qu’en cette période de crise les prix n’aient pas été encadrés et les importations taxées par les Pouvoirs Publics, puisque tel est son rôle. 2 conditions essentielles pour stopper voire freîner l’implosion du dit « système ».



Article 25