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Le blog de la prospective

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Cet article traite des handicaps majeurs retenus dans notre analyse périodique actuelle de la Société française. © 2010

LES HANDICAPS DE LA SOCIETE FRANCAISE (2° PARTIE)


Dans la première partie du bilan de l'analyse sociétale, nous avons mis en exergue la particularité historique des trois générations 68 qui pèsent près de 25% de la population totale. Et nous avons révélé les points principaux de convergence entre ce quart et les trois quarts restants de la population. Des points de convergence qui sont nés de la conjoncture. Dans cettte seconde partie, nous nous intéressons aux deux bouts de la chaîne sociétale, à savoir les jeunes et les "anciens".


Pour faire simple, disons que la France a raté son avenir sociétal en ne se préoccupant pas de sa jeunesse et en abandonnant ses vieux. Nous ne connaissons aucune autre Société occidentale qui a à ce point privilégié ses mid-générations (30-40 ans) pendant plus de 50 ans. En pleine croissance économique et dans un pays fort, cela ne pose pas de problème. C'est même un avantage. Mais, depuis 10 ans, ce choix sociétal pèse énormément et contrarie l'avenir.


La jeunesse, en effet, n'est pas prise en considération dans la quasi-totalité des politiques mises en oeuvre. On peut dire que c'est une spécialité française. Et parfois cela dérape : rappelons-nous mai 68 qui est la conséquence de la non-réponse du monde politique aux aspirations de la jeunesse. L'aspect le plus frappant de la dite non-prise en considération est la politique éducative. Le propre de celle-ci est l'immobilisme et l'inadaptation à l'évolution du Monde. Le système est livré au corps  enseignant, qui fait ce qu'il peut en l'absence de stratégie et d'organisation adaptée. Dans cette éducation défaillante, on discerne notamment un manque de compréhension du monde de l'entreprise. Celle-ci est dans la tête des politiques la continuité de l'école alors qu'elle devrait être fortement intégrée dans l'école. C'est pour cela que l'esprit d'entreprise existe peu chez les jeunes et que le service public attire autant d'aspirants. La notion de travail est galvaudée dans l'enseignement, l'assistanat est porté aux nues. Enfin, on reproche souvent aux parents de ne pas s'occuper de leurs  enfants et de laisser l'éducation aux enseignants. Mais il faut bien recconnaître que les parents sont eux-mêmes des "victimes" d'un système éducatif qui était déjà défaillant du temps de leur jeunesse.


Les anciens, quant à eux, ne sont pas en reste dans cet abandon sociétal. Cela commence avec la faible occupation laborieuse des quinquas. Un record en occident. La cause est connue : l'âge symbolique de la retraite à 60 ans a ancré dans les esprits la "vieillesse" du senior en âge actif. Quand, en plus, tout a été fait pour canoniser cet âge symbolique, on comprend encore mieux la situation de gâchis. Le plus dommageable dans tout cela est l'absence de passation de témoin. Notre Société est réticente à l'expérience de l'ancien : le plus de 60 ans est un vieux, donc obsolète et même suspect de risque de retour en arrière. Un nouveau cas unique en occcident. Quand vous en parlez à un Japonais, il se gausse de cette situation. Il rit notamment des pseudo-mesures d'aide à la formation des jeunes par les anciens. Au Japon, en toute logique, c'est le quadra qui forme le jeune et l'ancien qui forme le quadra. Pour boucler la boucle.

Quand on s'intéresse, plus loin dans la chaîne d'âge, aux septuagénaires et aux octogénaires, on se rend compte que notre Société vit encore avec des concepts du passé : à ces âges jugés canoniques, il n'est plus du rôle de la Société d'intervenir. Alors c'est le mercantilisme qui prime : entre maintien à domicile avec dilapidation des biens et maison de retraite devenue mouroir. Chez nos voisins européens, au contraire, l'Etat s'occupe de ses vieux parce que ceux-ci sont utiles à la Société : ils savent, ils consomment à bon escient, ils participent à la vie publique.


Voici livré le deuxième acte de notre bilan. C'est un acte déterminant dans nos activités prospectives. En nous posant comme observateur et analyste, nous nous apercevons une nouvelle fois de l'immuabilité de notre Société. Comme si le statu-quo était érigé en religion.

Article 17