2009 © Tous droits réservés - Création Serif et MLH

Rappel : la reproduction de tout ou partie de cet article est interdite sauf autorisation écrite de l'Editeur.

Le blog de la prospective

<    Retour sommaire articles de prospective

L'ENTREPRISE AGRICOLE DE DEMAIN : UNE REALITE PASSIONNANTE


Si l'évolution de l'Entreprise industrielle est certaine de naviguer entre innovation produit et nouvelle organisation interne du travail, le développement de l'Entreprise agricole passera par une révolution à très court terme. Le secteur agraire est en effet en situation de grand retard structurel. Les illusions de la culture intensive et de la diminution du nombre des exploitations ne couperont pas court à une profonde restructuration de la filière. Pour aller de l'ère du corporatisme subventionné à celle d'un secteur d'avenir et très rentable. Passons en revue les parcelles de ce nouveau territoire et tâtons les mamelles de cette future vache à lait.


Aujourd'hui, tout observateur a la sensation que l'Agriculture est en faillite et que le métier de paysan - appelé agriculteur à la ville - est en perdition. Le commun des mortels identifie le paysan comme un laisser pour compte de la Société et surtout comme un assujetti à un monde fédéré, organisé, contingenté, quotaîsé, en somme la dernière victime d'un système collectiviste. Dans la réalité, aucune autre profession n'est aussi à la fois individualiste et autant livrée à la pâture d'un commerce qui lui mange sur le dos. Les paysans vivent un système kafkaïen qui fait d'eux un pion au service des Etats et des organisations professionnelles, véritables relais de l'expansion des distributeurs de leurs productions. Dans ce système concentrationnaire, ils ont pourtant réussi la mutation technologique de leur métier, mais au détriment du développement de leurs entreprises. On leur a imposé des modes d'organisation anciens dont les entrepreneurs du secteur industriel se sont séparés il y a près de trois quarts de siècle. Comprenez les corporatismes par filière de production - lait, viande, fruits et légumes, ...- et le fonctionnement par coopératives. Au nom de la bonne organisation nationale et du bien-être européen et mondial, ils ont ainsi quitté la polyculture - source raisonnée de profit - pour gagner la production unique intensive qui a réduit le revenu de leurs entreprises.

Les quelques entités agricoles qui vivent bien aujourd'hui se sont libérées des diktats et se sont organisées en entreprises à l'écoute du marché. Point n'est besoin de posséder des surfaces de production étendues, l'essentiel réside dans le contrôle de son activité et de son développement. Ces entreprises ont pourtant accepté de cracher dans le bassinet des subventions et aides directes ou indirectes pour faire leur métier, comme n'importe quelle entité économique. Ce qui signifie qu'elles se sont structurées en conséquence avec marketing, commerce et distribution. Trois notions qui vont constituer les mamelles de l'Entreprise agricole de demain, quand la manne - on peut l'appeler aussi la maladie - des subventions européennes aura disparu. Parce qu'elle disparaîtra en grande partie très prochainement. Pour nombre de paysans, elle fait pourtant partie du paysage et donc de leur quotidien. Demain sera alors synonyme de révolution économique.


Comme dans toute révolution économique sectorielle, le regain de l'activité agricole passe d'abord par une indépendance d'esprit. Quand vous avez toujours vécu dans un système collectiviste, où l'on vous dit ce que vous devez faire en vous faisant croire que c'est pour votre bien, il n'est pas simple de s'affranchir. Mais le paysan réussira dans sa plus grande proportion à gagner cette bataille parce qu'il est individualiste. Son plus grand ennemi ne sera pas le marché des consommateurs mais tous ces "grands paysans" qui contrôlent le système pour leur petit profit personnel. Son plus grand challenge sera l'instauration d'une nouvelle forme de distribution qui lui permettra d'assurer sa pérennité et celle de son entreprise. Pourquoi, en effet, passer par les fourches caudines des grands commerçants alors que le public lui reconnaît le droit de s'acquitter lui-même de la vente de ses produits, au nom de la juste nourriture du peuple ? Son plus grand défi sera l'association intelligente avec des confrères pour réussir cette commercialisation. On ne parle pas ici de coopérative, on parle de service commercial commun.


En fait, l'Entreprise agricole est structurellement le portrait-type de l'Entreprise de production. Davantage encore que l'Entreprise industrielle parce que son produit vit...

Cet article traite de la révolution que les entreprises agricoles sont obligées d'opérer à l'aube des changements de politique de l'UE. © 2010

Article 11