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Le blog de la prospective

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Cet article traite de la situation de l'Art dans les entreprises. En position délicate actuellement il peut pourtant être un levier intéressant. © 2009

POURQUOI CHOISIR L’ART DANS L’ENTREPRISE ?


En ces temps de crise, l'Art a des difficultés pour vivre. Les investisseurs, les mécènes, les simples acheteurs préfèrent les valeurs refuges comme les métaux précieux ou la pierre au subjectif de l'Art. Toute la filière est aux aguets, attendant la reprise annoncée pour se jeter sur le chaland. Les ventes aux enchères connaissent elles aussi des baisses profondes sur pratiquement tous les  genres. Et Il est une activité qui est frappée de plein fouet, c'est l'Art dans l'Entreprise. Et pourtant...


Apparue dans les années 70, à l'orée des Trente Glorieuses, la mode de l'Art à l'intérieur de l'Entreprise a vécu au gré des soubresauts économiques avant de devenir une véritable expression dix ans plus tard. Il s'est agi tout d'abord d'une mode, au même titre que les installations sportives au service des salariés, dans les entreprises de renom dont la santé financière transpirait dans les médias. Alors qu'il s'est agi bien plus tard d'un mode d'expression parmi d'autres dans le cadre d'une stratégie d'entreprise. Au départ, l'ère pompidolienne a favorisé les achats d'Art par les entreprises soucieuses de plaire aux bien-pensants de la République. Il était de bon ton d'afficher un artiste connu dans le hall ou la salle de réunion. L'entreprise démontrait ainsi son attachement à la modernité et à la culture de son pays. Dans les années 80 à contrario, l'entrée de l'Art dans l'Entreprise revêtait un caractère volontariste, servant toutes sortes d'intérêt. Le tout premier intérêt étant de faire valoir le dirigeant de l'entreprise, de démontrer son éclectisme et donc sa parfaite osmose avec la Société. Comprenez qu'un tel patron ne pouvait être qu'un chantre du social. D'autant que des aides financières publiques aidaient à la construction d'un tel affichage. Les gourous de la communication et autres publicitaires ont vite saisi l'opportunité de ce mode d'expression pour le revendiquer dans les discours et les promesses de leurs clients. Pour les personnels des entreprises concernées, il était impossible de contester un tel choix tant l'Art est subjectif. Il leur était même obligatoire de s'approprier des oeuvres auxquelles ils ne comprenaient rien. Parce qu'on ne leur en avait pas donné le mode d'emploi. Faisons un parallèle avec une lubie de l'époque : l'aquarium. Censé diminuer le stress et encourager la création, le bocal à poissons s'est répandu dans les entreprises et les commerces. Tout comme pour l'Art personne n'a songé à contester ce bienfait social.


Depuis une décennie l'Art est moins présent dans l'Entreprise. Des analystes vous expliquent que c'est l'architecture des locaux qui a supplanté l'Art. Pour faire simple : il n'est plus nécessaire  de faire rentrer le badaud dans l'entreprise pour montrer la capacité culturelle ce celle-ci, il suffit de lui faire regarder la façade. Dans la réalité, le recours à l'architecture correspond à un besoin d'aménagement, de rénovation ou d'agrandissement de locaux. Ce recours est cyclique et le cycle naturel se termine en fait actuellement. Malgré ces besoins architecturaux quelques entreprises ont choisi l'Art comme mode d'expression. Ces entreprises sont de taille moyenne et ont toutes une position internationale. D'ailleurs l'Art est souvent une carte de visite pour pénétrer certains pays, notamment asiatiques. Elles ont de plus en général une activité industrielle, plutôt high tech. Comme si l'Art allait harmoniser la technique. Dans ces entreprises, l'Art a été expliqué aux salariés pour favoriser leur adhésion. C'est souvent le chef d'entreprise qui a su faire partager sa passion. Il se sert de cet "investissement" pour renforcer la citoyenneté de son entreprise  à un échelon local ou régional. Il n'abuse cependant pas de promesse publicitaire mais il incruste le couple Entreprise/Art dans l'inconscient populaire et augmente ainsi le facteur sociétal de son activité.


Les entreprises qui ont choisi cette stratégie vivent plutôt bien leur développement malgré la période difficile actuelle. Elles paraissent

plus humanisées, plus françaises même - c'est l'écho constaté dans la presse économique en langue  anglaise - . Et vous pouvez être certain (e) que l'actionnaire principal n'est pas un "Fond". Ceux-ci n'adhèrent pas à ce qui pourrait diminuer le rapport du capital. Enfin, last but not least, selon une étude asiatique, les entreprises "associées à l'Art" donnent une image financière valorisée. A croire que l'immatériel endort les consciences.


PS : il existe toute une panoplie d'aides publiques et d'exonérations fiscales appropriée à un projet Entreprise/Art.

Article 08