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Le blog de la prospective

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Cet article traite du cycle économique de la Chine qui va logiquement rentrer en phase de décroissance. Pourquoi ? © 2009

QUAND LA CHINE S’ETIOLERA


Loin de moi de vouloir plagier Alain Peyrefitte, qui a été l'un des premiers avec son " Quand la Chine s'éveillera " à orienter l'attention du Monde vers ce nouveau continent. Je me sers simplement du titre de ce bel ouvrage pour traiter de l'évolution de la Chine. Je précise également que je ne porterai dans mes propos aucun jugement de nature politique ou idéologique sur le régime au pouvoir dans ce pays. C'est d'ailleurs pour cela que le titre du présent article est très "soft ".


La Chine, comme tous les pays du Monde, vit au travers d'un cycle économique dont on a du mal à évaluer la durée tant la physionomie politique et la nombreuse population n'ont rien de comparable avec ce que l'on observe ou que l'on connait des cycles depuis 500 ans. De nombreux observateurs et analystes ont définitivement classé la Chine au niveau d'un continent entier et à ce titre décidé qu'aucune estimation ou analyse n'était possible. Dans la réalité c'est l'enjeu financier des relations économiques qui limite  et temporise les études prospectives sur le plus grand pays du Monde.


t pourtant la Chine n'échappe pas au phénomène des cycles. On peut sans risque d'erreur évaluer le début du cycle en cours  au début des années 80. Cette période correspond à l'apogée du cycle de la plupart des grands pays occidentaux qui caractérise le pic de la demande pour les produits de consommation à haute technologie, principalement dans l'électronique et l'électro-ménager. Cette demande étant due elle-même à un besoin de remplacement de produits obsolètes, rendu possible grâce à une hausse très nette du pouvoir d'achat des populations. Pour satisfaire le volume de la dite demande, les pays occidentaux ont proposé aux industriels chinois de fabriquer des composantes via un transfert de technologies et ainsi accroître les marges de production. Pendant près de 10 ans les industries chinoises se sont cantonnées (sans jeu de mot) aux composantes pour le plus grand bonheur de leurs autorités politiques, véritable bénéficiaire financier de ces fabrications. Cette décennie est le révélateur de la progressive dépendance du " Reste du Monde " vis à vis de la Chine. La seconde étape de cette dépendance a été la création de joint-ventures, avec les industries occidentales, sollicitée par le gouvernement chinois avant de monter en puissance dans la fabrication entière des produits. Cette période n'aura duré que 7-8 ans maximum jusqu'à ce que le " copié-collé " élaboré parallèlement en catimini devienne comparable voire supérieur parfois à l'original officiel issu des coopérations.


Pendant ces 15-18 années, l'argent provenant de cette production a été investi dans la modernisation de la société et la " préparation " de l'outil de production à une autonomie proclamée. Dans l'histoire il n'existe pas d'équivalent de pays ou groupe de pays ayant aussi rapidement franchi le cap toujours difficile de l'industrialisation. Ceci n'a été possible, n'en déplaise aux contradicteurs, qu'en raison du type du régime politique chinois et de l'aveuglement et la cupidité des industriels occidentaux. La décennie 2000, qui se termine, a été le point d'orgue d'une suprématie galopante de la Chine. Des pans entiers de la production mondiale sont en effet entre les mains de celle-ci. Les soubresauts, pour ne pas dire plus, industriels actuels et donc sociaux de certaines grandes nations occidentales trouvent une grande part de leur origine dans cette situation.


La seule erreur constatée dans la stratégie officielle chinoise a été l'investissement important réalisé dans la finance internationale.

Dans le krach de l'automne dernier, les Chinois ont été les plus grands perdants. Il aura fallu ce détonateur pour que d'une part les occidentaux reconnaissent enfin officiellement leur dépendance et que d'autre part les Chinois s'aperçoivent de la fragilité de l'édifice économique mondial dont ils sont la cheville ouvrière. Les occidentaux se soucient maintenant presque à l'unisson de la reconquête de leur puissance industrielle et les Chinois quant à eux sont entrés dans une période d'incertitude. D'autant que des nouveaux pays - l'Inde et le Brésil - candidats à l'industrialisation et à l'autonomie, se sont manifestés dans le concert mondial avec la prétention de faire aussi bien sinon mieux que la Chine. Celle-ci ne peut que rentrer en phase de décroissance. Les prochaines années vont être très dures pour les industriels occidentaux " joint-venturés ". Ce seront en effet les entreprises en coopération qui seront les premières cibles de la réhabilitation.

Article 03